Mercredi, mai 27, 2020

Ce rapport provient de Pierre Lokeka, du Centre Kitumaini en RDC, à partir de mai 2020 :

 

Je voudrais parler des problèmes que nous rencontrons actuellement : au cours de cette seule semaine, 5 femmes ont été surprises par nos animateurs dans les villages en train de récolter les haricots pas encore murs. Ces femmes justifient cela par la faim. Si nous n'arrivons pas à trouver une solution pour la période de soudure, nous ne pourrons pas bien estimer la production de chaque femme en fin de campagne. Parmi les 5 femmes concernées, 2 ont des enfants souffrants de malnutrition sévère. Une des femmes a même 2 enfants souffrant d'hernie à un stade très avancé et nécessitant des interventions chirurgicales. Mais pour la famille, la priorité reste de trouver  à manger.


Il est difficile de comprendre leurs actions sur terrain d’organisations internationales comme le PAM. A Uvira, il y a beaucoup de sinistrés, plus de 6800 de personnes sans-abri, des maisons emportées par les eaux, une centaine de morts. La presse dit que l’Union Européenne a débloqué des fonds pour les sinistres, mais sur terrain on ne voit rien. Le PAM comme le gouvernement n’assistent pas les personnes dans notre région, malgré le taux élevé de malnutrition.


Grâce aux amis italiens, il y a un groupe d’enfants dont les familles sont au moins rassurées : ces enfants souffrants de malnutrition bénéficient du programme de bouillie qui les aide à améliorer leur santé. Il en va de même chose pour les enfants qui étudient au Groupe scolaire Umoja/Scuola di Pietro. Ils bénéficient de la bouillie pour couvrir la journée et rester assidus pendant les heures des cours.


Lors de nos visites sur terrain, nous avons constaté que les femmes et les enfants sont plus préoccupés par la question de trouver à manger que de tout autre chose. Ils  sont aussi très fragiles face aux maladies, suite au manque de nourritures et aux conditions hygiènes : les endroits où  ils passent la nuit, l’état de leur toilettes, etc.  sont des conditions au-delà de la pauvreté, pour lesquelles il n’y a pas de mots. Ce sont des êtres humains qui vivent comme des « sous-êtres humains » ou des animaux. Je n’ose pas vous partager les photos des endroits où dorment certaines femmes ou enfants, ni de leurs toilettes, sauf si quelqu’un les demande, car leur niveau de vie n’est pas digne de notre monde aujourd’hui.


Au cours de cette semaine, nous avons apporté du soutien à quelques familles et surtout quelques vieilles femmes qui avaient bénéficiés des soins et de l’accompagnement du Centre Kitumaini dans les années 2004-2005. Ces femmes restent très reconnaissantes au CK. Elles ont toutes veuves, mais deux d’entre elles ont plus attiré notre attention : l’une a 101 ans, elle n’avait pas eu d’enfant et elle vit seule. Ses voisins l’aident en puisant l’eau pour elle. L’autre aussi est veuve et plus au moins 90 ans. S’il pleut, toute la maison est mouillée. Elle dort sur un lit en bambous sans matelas, sa maisonnette est une petite pièce avec juste son lit et au pied du lit, elle fait sa cuisine. Quand il pleut, la maison ruisselle de partout, c’est comme si on était dehors. Nous leur avons apporté du sucre, de la farine, du pains, du sel et et habits.


Certaines femmes pensent qu’elles sont maudites et que les malheurs ne leur arrivent q qu’à elles seulement, à cause de leur passé et de ce qu’elles ont vécu. Les échanges avec elles et  l’expérience acquise  m’a permis d’aider un bon nombre d’entre elles pour qu’elles arrivent à changer leur manière de voir les choses : juste avec des rencontres régulières et le partage des idées. Ces femmes aiment se sentir considérées, valorisées, aimées. J’ai demandé aux animateurs de me programmer chaque semaine des visites avec quelques femmes à leur domicile et je sais que cela pourra les aider parce que je l’ai déjà expérimenté plusieurs fois avec succès. Certaines des femmes qui étaient encore jeunes se sont remariées et ont trouver le goût de vivre et la joie.